C’est l’un des personnages les plus célèbres de l’Antiquité dont l’aura continue encore de fasciner des générations entières. Roi de Macédoine, conquérant de la Perse, Alexandre le Grand va agrandir son empire jusqu’aux portes de l’Indus. Sa mort foudroyante en 323 avant Jésus-Christ, à l’âge de 32 ans, reste entourée de mystères. Empoisonnement, attaque cardiaque, virus mortel, de quoi est donc mort le fils du roi Philippe II et de la reine Olympias d’Épire ?

Alexandre le Grand a marqué ses contemporains. Ses exploits ont fait l’objet de nombreux récits à travers les siècles. En moins d’une décennie, il s’est taillé un empire allant de la Grèce à l’Inde en passant par l’Égypte. Visionnaire, formidable stratège, ce roi de Macédoine a présenté tout au long de sa vie, différents caractères. Cultivé, épicurien, aimant toutes les beautés sans distinction de sexe, homme de grande taille à la chevelure blonde et la peau blanche, il pouvait être aussi cruel et brutal, enclin à la boisson, égocentrique. Il se prenait pour l’égal des Dieux de l’Olympe, affirmant descendre de Zeus lui-même. Après avoir parcouru des dizaines de milliers de kilomètres, mené une armée au bord de l’épuisement, Alexandre le Grand est contraint de revenir à Babylone dont il songe à faire sa capitale. C’est ici qu’il est soudainement pris de fièvres et qu’il meurt le 10-11 juin 323 avant Jésus-Christ. Il a 32 ans, son empire ne va pas lui survivre, victime des ambitions de ses généraux, les Diadoques.

Un assassinat orchestré ?

Très rapidement, les rumeurs sur les vraies raisons de sa mort vont se propager parmi ses soldats et la population. Le roi de Macédoine ne serait pas mort naturellement, mais assassiné. Les faits sont rapportés par Olivier Battistini dans son livre « Alexandre le Grand : un philosophe en armes » paru aux éditions Ellipse en 2018 et qui se basent sur les travaux de l’historien Clitarque d’Alexandrie. Ce dernier accuse les fils d’Antipater, de Cassandre et de Iolas, l’échanson du roi, d’avoir empoisonné Alexandre le Grand. Général, Antipater souhaitait conserver la régence du trône de Macédoine. Ce que refusait la reine Olympias, mère d’Alexandre, qui s’estimait plus légitime. Il aurait fait verser du poison dans le verre de vin rouge du monarque. Il est pourtant peu probable que cette version soit réelle. Les historiens s’accordent majoritairement sur le fait qu’il s’agit plus d’une rumeur propagée par son auteur, voire la reine Olympias elle-même, alors que les Diadoques se battaient pour la succession d’Alexandre le Grand. En 2019, le Times of India a relayé la découverte du docteur Schep, toxicologiste du centre national des poisons de Nouvelle-Zélande, qui affirme qu’Alexandre a été empoisonné à la vérâtre blanche. Une plante homéopathique qui peut être mortelle à forte dose.  Pourtant, l’intéressé lui-même a déclaré qu’il lui serait difficile de prouver sa théorie.

Empire macédonien@Flappiefh/Wikicommons

Une mort qui n’a rien de spectaculaire

Pour certains médecins, Alexandre le Grand serait mort de la fièvre du Nil occidental, d’une perforation d’un ulcère gastrique, d’une pancréatite aigüe ou d’une surconsommation d’hellébore, une plante utilisée dans l’Antiquité afin de guérir la folie et la mélancolie. Selon l’anatomo-pathologiste Philippe Charlier, la mauvaise hygiène d’Alexandre le Grand expliquerait en grande partie sa mort soudaine. « Les comportements à risque d’Alexandre expliquent, mieux que tout, cette fin à la fleur de l’âge » déclarait-il à ce sujet, dans la revue Sciences et Avenir de juillet-août 2018. « Des déplacements géographiques constants, un alcoolisme sans doute chronique dû à ses multiples beuveries, les maladies sexuellement transmissibles – contractées avec ses maîtresses et ses amants, ont pu entraîner des fragilités du foie et des reins, aboutissant à une défaillance multiviscérale » affirme le docteur Philippe Charlier. « Il a sans doute été infecté par une quantité importante de parasites auxquels son corps n’était pas habitué et qui ont encore affaibli son état physiologique. C’est une vie de conquérant ! » croit savoir le légiste qui estime que sa mort « n’a rien de spectaculaire en soi ».

Une maladie auto-immune 

Une simple maladie. C’est la dernière thèse développée par le docteur Katherine Hall qui affirme qu’Alexandre le Grand est mort du syndrome de Guillain-Barré (GBS), une maladie auto-immune « qui touche le système nerveux périphérique et se manifeste de manière sporadique, notamment par une faiblesse voire une paralysie des muscles » comme l’explique le magazine Géo Histoire. Pour appuyer ses conclusions, elle s’est basée sur les écrits des anciens Grecs qui avaient remarqué que le corps d’Alexandre le Grand ne se décomposait pas au bout de six jours (marque de sa divinité selon eux). Mais ce professeur d’une université néo-zélandaise va plus loin dans ses analyses. Si c’est une bactérie qui a infecté Alexandre le Grand, il est possible qu’il ne soit pas réellement mort à la date indiquée. Durant l’Antiquité, l’absence de respiration confirmait le décès d’une personne et non pas le pouls comme on le fait aujourd’hui. Paralysé, sa respiration a diminué progressivement, conformément à ses symptômes. Les médecins n’auraient pas vu qu’il était encore de ce monde. Ce qui explique aussi  pourquoi son corps n’était pas en décomposition. Il est donc probable, selon elle, qu’Alexandre le Grand a été enterré vivant. Une théorie qui avait été déjà exposée en 1978, mais écartée par les historiens.

Le mystère demeure toujours sur les raisons de son décès autant que la localisation de son tombeau qui n’a jamais été retrouvé. Quelle que soit la raison de la mort d’Alexandre le Grand, ce conquérant a laissé un héritage militaire et culturel de grande importance aux générations suivantes, un sujet inépuisable d’étude qui lui a permis d’atteindre ce dont il a toujours rêvé de son vivant : l’immortalité.

Frederic de Natal