Depuis les déclarations de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Cristian Diaconescu, c’est avec une certaine parcimonie que le débat sur l’éventuel retour de la monarchie a envahi les médias et plateaux de télévision. Pour beaucoup d’observateurs locaux, l’institution royale semble être « le médicament nécessaire » qui sauvera le pays de ses crises politiques. Au sein des partis politiques roumains, certains s’affairent à convaincre leurs alter-égos « de la nécessité » de discuter de cette question au parlement.
Ces derniers jours la chaîne You Tube EVZ Istoric, dont les programmes sont principalement diffusés sur les réseaux sociaux et suivis par près de 50 000 personnes, a consacré une émission sur le retour de la monarchie en Roumanie. Un débat (re-) lancé par le Parti Mouvement Populaire (PMP) qui fait tache d’huile au sein des différents partis politiques présents au parlement. « C’est une solution qui a toujours existé et elle a été près de nous durant 26 ans. Elle avait un nom, celui du roi Michel Ier » a déclaré Mirel Curea en préambule de l’émission qui comptait un certain nombre d’invités dont l’ancien président Emil Constantinescu qui avait promis de restaurer la monarchie une fois au pouvoir. Ce que n’a pas manqué de lui rappeler le journaliste Marius Ghilezan qui intervenait également dans les échanges. « Un roi est un facteur d’unité, un gage de neutralité dans les crises. A contrario, d’un président est un dans un esprit partisan » a renchéri Marius Ghilezan. De l’avis du journaliste et écrivain pro-monarchie, Octavian Hoandră, « l’esprit de la monarchie est encore important pour certains Roumains et pour une autre raison, il nous rapproche du christianisme ». « La monarchie constitutionnelle est nettement supérieure à la république semi-présidentielle » a d’ailleurs déclaré Mirel Curea.
La république actuelle est illégitime pour une partie des roumains. A cet effet, à grands renforts d’archives derrière lui, Marius Ghilezan a rappelé que « la monarchie a été abolie arbitrairement ». « Nous avons besoin d’une volonté politique pour changer la Constitution et permettre le retour à une monarchie constitutionnelle » a ajouté l’éditorialiste de « România Libera » qui regrette que la Roumanie n’ait pas pris l’importance de soutenir cette idée à la chute du régime de Nicolae Ceaucescu (décembre 1989). Pour Cristian Diaconescu : « La monarchie, considérée par de nombreux Roumains comme le dernier salut du pays ».
« La monarchie, considérée par de nombreux Roumains comme le dernier salut du pays »
Dans tous les partis, des élus s’affairent afin que cette idée soit désormais débattue au parlement. Daniel Gheorghe, membre de l’association des monarchistes de l’ANRM (Alliance nationale pour la restauration de la monarchie) joue un rôle important au sein du parti PNL (Parti Naţional Libéral). C’est une de ses étoiles montantes du monarchisme roumain avec l’ancien Premier ministre Ludovic Orban et son frère, Léonard, ancien ministre, commissaire européen et actuel conseiller du président Klaus Iohannis. Même au sein du couple présidentiel, il est dit que l’épouse du dirigeant est sensible au retour de la monarchie. En face, au Parti social-démocrate (PSD), l’idée fait aussi son chemin. Le sénateur Vasile Dîncu, ministre de la Défense, est acquis au retour de la monarchie depuis le discours du roi Michel au parlement en 2011. A diverses reprises, il a déclaré que la Roumanie devait retrouver rapidement ses racines monarchiques et qu’il en faisait une croisade personnelle. Encore faut-il compter sur le parti de l’Union démocratique des Hongrois de Roumanie d’Istvan Vakar, président du Conseil départemental de Cluj, qui ne cache pas ses sympathies monarchistes ou bien celui de l’ancienne présidente du Sénat roumain Anca Dragu, élue sous l’étiquette de l’Union pour le sauvetage de la Roumanie (USR).
Tous ces soutiens affichés peuvent-ils vraiment « booster » l’idée monarchique ? « D’après les plus optimistes observateurs de la vie politique local, les élections de 2024, les partisans de la monarchie au Parlement roumain devraient constituer la majorité des élus, quelle que soit leur affiliation à un parti, ce qui permettra au parlement de se transformer en une Assemblée constituante qui pourra changer la Constitution et restaurer le système monarchique » le quotidien « Transylvania Today » qui a consacré un long article sur le sujet.
Frederic de Natal