Le 1er avril est le jour de tous les canulars. Des plaisanteries que l’on fait à ses connaissances, ses amis, les membres de sa famille ou même à ses collègues de travail. La coutume veut que l’on accroche un « poisson de papier » à la personne à qui l’on veut faire une bonne farce. La Revue Dynastie revient sur l’origine du fameux « Poisson d’avril ».
C’est au cours du XVème siècle que le « Poisson d’avril » apparaît pour la première fois. On est d’ailleurs loin du sens ce que l’on connaît aujourd’hui. Dans le Doctrinal du temps présent, rédigé par le prêtre Pierre Michault, cette locution désigne un « entremetteur, intermédiaire, jeune garçon chargé de porter les lettres d’amour de son maître ». Il faut attendre deux siècles de plus pour qu’elle désigne une « tromperie, mystification traditionnelle du 1er avril » comme l’atteste un des passages du livre La Vie écrit par le duc Charles V de Lorraine (on évoque à cette époque l’histoire d’un prince de Lorraine qui se serait enfui de sa prison après avoir trompé ses gardiens). Esprit des lumières oblige, le Dictionnaire de l’Académie française (1781) nous indique qu’il s’agit « d‘obliger quelqu’un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui ».
Une tradition aux origines diverses
Les origines du « Poisson d’avril » restent pourtant méconnues. Possiblement mystiques, une première hypothèse lie cette tradition festive à la fête de Pâques qui marque la fin du jeûne du carême. Le poisson a une place très symbolique et alimentaire pour les chrétiens. D’autant que l’ichthus* chrétien est souvent interprété comme un acronyme de Jésus, souvent utilisé par les fidèles entre le Ier et le IVème siècle. Une seconde hypothèse affirme qu’avec la réforme du calendrier mise en place au cours du XVIème siècle, certains furent un peu perdus par ces changements brutaux. Face aux étourdis, des facétieux s’amusèrent à inventer des histoires aux dépens des concernés et cela devint une mode. Une hypothèse qui reste cependant sujette à caution.
Enfin, d’autres relient cette fête à la saison de la pêche qui s’ouvrait le 1er avril. A ceux dont la pêche n’était pas fructueuse, on leur offrait habituellement un hareng. C’est à ce moment-là qu’on aurait pris l’habitude d’accrocher des vrais petits poissons dans le dos des personnes à qui on souhaitait faire des plaisanteries. Une tradition qui a connu bien des évolutions (comme l’envoi de cartes postales) avant prendre la forme d’un poisson en papier plus discrète et inodore. A la plus grande joie des machines à laver.
Frederic de Natal
* Le dictionnaire Le Larousse nous indique que c’est le monogramme du Christ, composé des premières lettres des mots grecs : Iêsous CHristos (pour KHristos) THeou Uios Sôtêr (Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur). Les initiales réunies forment le mot ichthus, poisson, d’où les représentations de poissons sur les murs des catacombes.