Ce week-end, l’Iran a été une nouvelle fois la proie de violentes manifestations organisées contre l’inflation galopante et la hausse du chômage. Dans le Khouzistan, des portraits du Guide suprême Ali Khamenei ont été mis à terre par les iraniens en colère. Ces derniers n’ont pas hésité à le conspuer et réclamer ouvertement le retour du prince Reza Shah Pahlavi comme le rapporte dans ses colonnes l’agence de presse Reuters

Depuis 2019, l’Iran est constamment agité par de multiples manifestations anti-gouvernementales. La récente décision de réduire les subventions à l’alimentation, après celle des carburants, a provoqué une soudaine augmentation des prix (jusqu’à 300% sur les produits de première nécessité) à laquelle les Iraniens ne peuvent plus faire face. Ce week-end, des manifestations ont éclaté dans la plupart des grandes villes du pays, notamment dans le Khouzestan où les émeutiers ont également exigé de leurs dirigeants plus de pluralisme politique. Si on peut entendre régulièrement le nom de Reza Shah scandé lors des manifestations, du nom des deux derniers souverains iraniens en signe de défiance aux mollahs, c’est celui de l’actuel prétendant au trône du Paon qui a bel et bien été crié pour la première fois indique Reuters dans sa dernière édition.

Des slogans en faveur des Pahlavi

« Des vidéos publiées en ligne montrent des manifestants brûlant des portraits de la plus haute autorité iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, et qui appellent au retour de Reza Pahlavi, le fils exilé du Shah d’Iran renversé » écrit le correspondant sur place de la célèbre agence de presse allemande. Des propos confirmés par la chaîne de télévision Iran International, basée à Londres et qui aurait des liens avec l’Arabie Saoudite selon ses détracteurs. « Les manifestants ont scandé des slogans en faveur de la dernière famille royale iranienne. Que Dieu bénisse votre âme, Reza Shah », ont-ils crié en nommant le petit-fils du fondateur de la dynastie Pahlavi. « Roi d’Iran, retournez en Iran »,  un autre appel entendu en plein cœur de la République islamique » rapporte Maryam Sinaee.  Radio Farda et Voice of America, considérés comme deux médias indépendants et sources fiables, ont également évoqué dans leurs colonnes les nombreux slogans entendus en faveur de la monarchie.

Un prince au chevet de la Perse

Bien qu’il ne fasse pas l’unanimité parmi tous les partis politiques en exil, Reza Shah Pahlavi est une des têtes de l’opposition au régime islamique. Depuis les États-Unis, où il s’est réfugié avec le reste de la famille impériale lors de la chute de la monarchie en 1979, il multiplie les rencontres avec les députés du Congrès, tente de convaincre l’Europe de cesser son soutien à Téhéran et dénonce régulièrement les exactions commises sur les Iraniens par les Gardiens de la révolution, milice des ayatollahs. Dès les manifestations connues, il a immédiatement réagi sur son compte officiel Twitter suivi par plus de 500 000 personnes. « Votre courage mérite le soutien de tous nos compatriotes y compris en Iran. Je sais que la patience de la majorité du peuple iranien a atteint ses limites et que bientôt les rues du pays seront remplies de manifestants. Comme je l’ai toujours dit, notre pouvoir est d’être innombrable et plus fort que les oppresseurs (…). Lors de vos manifestations, exhortez vivement les militaires, les forces de l’ordre et les forces de sécurité à déposer les armes et à ne pas aggraver leur cas (…) » a écrit le fils de Mohammed Reza Shah. Un prince qui a averti qu’une fois rentré dans l’ancienne Perse, il laisserait le choix des institutions aux iraniens.

Si jusqu’ici aucun soulèvement populaire n’a abouti au renversement des mollahs et qu’il est difficile de déterminer le réel soutien aux Pahlavi, le régime répressif de Téhéran pourrait être en train de se fissurer. Récemment, plusieurs figures notables n’ont pas hésité à critiquer les dérives des religieux au pouvoir. Dernièrement, c’est la nièce de l’Ayatollah Ali Khamenei qui a été  promptement arrêtée après la mise en ligne d’un vidéo qui ne laisse place à aucun doute sur la fragilité du pouvoir en place. Le crime de Farideh Moradkhani, ? Avoir osé discuter en live avec l’ancienne impératrice Farah Pahlavi et lui avoir souhaité un bon anniversaire en la qualifiant de « chère Mère de ma patrie ». Tout un symbole.

Frederic de Natal