Icône internationale, souveraine de quinze pays, la reine Elizabeth II montre rarement ses émotions en public. Pourtant, en privé, derrière les murs du palais de Buckingham, tous sont unanimes, la Queen a un grand sens de l’humour digne des meilleurs sketchs des Monty Python. Une souveraine qui ne manque pas d’auto-dérision comme vous le raconte la Revue Dynastie.
A 96 ans, la reine Elizabeth II affiche toujours le même visage impassible que lui impose son statut de chef d’État. Drapée dans son rôle de monarque, depuis 1952, date à laquelle elle est montée sur le trône d’Angleterre, elle applique toujours le même credo : « Never explain, never complain » (Ne jamais s’expliquer, ne jamais se plaindre). Mais une fois les portes refermées de ses palais et loin des moments de protocole inhérents à sa fonction, Elizabeth II redevient elle-même. Facétieuse, n’hésitant pas à faire des caricatures des personnes importantes qu’elle côtoie tous les jours (ou a côtoyé ) comme l’accent très snob de son ancienne Première ministre Margaret Thatcher qu’elle « imite à la perfection » selon le quotidien Le Parisien.
Queen Elizabeth II Laughing While Presenting Prizes At Polo At Guards Polo Club, Smiths Lawn, Windsor #QueenElizabethII #TheQueen #UK pic.twitter.com/do3a6tO9h4
— The Queen Elizabeth II (@picroyalty) July 7, 2022
Une reine facétieuse
Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres, en 2012, la reine Elizabeth II avait fait le buzz en se parodiant elle-même aux côtés de Daniel Craig dans une scène devenue désormais culte de la saga « James Bond » . Interrogé dans le Late Show présenté par Stephen Colbert, une décennie plus tard, l’acteur avait expliqué que la reine n’avait pas cessé de faire plaisanteries tout au long de la séquence et lors des photographies officielles, lui avait malicieusement imposé un jeu, « celui qui sourirait le moins » devant les objectifs. Un exercice auquel elle est rompue. « Elle prend évidemment son travail au sérieux – mais en même temps, cela ne l’empêche pas d’avoir le sens du ridicule » explique le chroniqueur royal Robert Lacey. Une James Bond girl qui ne manque pas d’humour piquant quand il le faut. Recevant un jour plusieurs prélats pour le « Tea Time », entouré de ses célèbres corgis, un majordome du palais arrive et dépose une assiette de biscuits sur la table. Visiblement affamé, un des prêtres ne résiste pas et prend un gâteau, le croque devant la reine stoïque. Avant que la reine ne l’informe qu’il venait de manger une croquette pour chien, laissant le prélat tout penaud.
18/25 Times Queen Elizabeth II Was The Ultimate, ‘Cool’ Grandma – WHEN SHE MADE PRINCE HARRY LAUGH AT A SERIOUS MOMENT – #TheQueen couldn’t help but smile at #PrinceHarry at Sandhurst Military Academy in 2006. His face turned as red as his hair! #Royals pic.twitter.com/1STbu68nGo
— Prince George (@PrinceHRHGeorge) July 5, 2018
Son grand sens de l’humour, sa plus grande qualité
Se promenant en dehors du domaine de Balmoral, Elizabeth II croise accidentellement un groupe de touristes américains sous une de ces pluies dont le Royaume-Uni a le secret. Ne reconnaissant pas la souveraine, se sachant près de sa résidence, ils lui demandent si elle a déjà rencontré la reine. Sans se décontenancer, elle répond : « non, mais lui le fait tous les jours » en pointant du doigt l’agent de protection qui était auprès d’elle. L’anecdote a fait le tour du monde. Une autre fois, voyageant à Norfolk, elle décide de faire du shopping. En entrant dans un magasin, une des vendeuses lui fait remarquer qu’elle ressemble vraiment à la reine Elizabeth II. Et la fille de Georges VI de lui rétorquer avec sourire : « Si vous saviez comme c’est rassurant ». En visite officielle, le président des États-Unis Georges Bush se laisse aller à une question, interloqué par un plat à trois pieds qui l’interpelle. Demandant à la reine, à quoi cela pouvait -il bien servir, Elizabeth II lui répond du tac au tac : « J’espère bien que vous me le diriez, vous êtes celui qui me l’avait offert ». Le duc de Sussex, le prince Harry, confesse bien volontiers que sa grand-mère a un « grand sens de l’humour », « sa plus grande qualité et son charme »
Queen’s Laugh: Queen Elizabeth II Shows RARE Chuckle During Virtual Meeting [WATCH] https://t.co/DiWKBb9t3o pic.twitter.com/h5ZUC7P3nC
— ENSTARS (@EnStars) July 16, 2020
Tout en plaisantant, la reine délivre des messages politiques subtils
La reine est autonome et aime aussi faire passer de subtils messages politiques à ses convives. Lors d’une visite du prince héritier Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud en 1988, elle décide de jour les guides. Qu’elle ne fut pas l’étonnement de celui-ci quand il s’aperçoit que la souveraine a l’intention de prendre le volant de sa Land Rover. Ne cachant pas son appréhension, celui qui allait devenir roi de l‘Arabie Saoudite entre 2005 et 2015, ne fut pas au bout de ses surprises. Maitrisant parfaitement son véhicule tout en lui montrant les secrets de Balmoral, la reine Elizabeth II n’avait pas hésité à mettre le pied au plancher tout au long du trajet, secouant un prince peu habitué à voir une femme conduire, effrayé et suppliant la « Queen » de ralentir avant d’en perdre finalement son keffieh. « Elle est capable de rire de ses propres plaisanteries et de continuer comme si de rien n’était » explique l’historien Sir Anthony Seldon. « Sa capacité de se divertir et de voir le côté positif de la vie l’aide à rester proche des gens » ajoute l’auteur.
Epouvanté par certaines photos qui montraient d’elle un visage trop sévère, Elizabeth II finit par dire un jour à sa confidente qu’elle ressemble à « Miss Piggy ». Sans craindre le crime de lèse-majesté, pour un de ses anniversaires, elle se voit alors offrir une carte géante par son personnel avec pour dessin central, la célèbre cochonne du Muppet Show. « Elle aurait éclaté de rire » nous indique Stephen Clarke, auteur d’un livre sur Elizabeth II et l’humour souverain, publié aux éditions Albin Michel. Preuve s’il en est, que derrière le masque royal, se cache encore une jeune princesse dotée d’une belle auto-dérision. Le secret de son éternelle jeunesse.
Frederic de Natal