Mise en place en 2017, la commission d’experts, chargée d’examiner une éventuelle réforme de la loi de succession au trône du Japon, a remis son rapport définitif au gouvernement. Transmis aux deux Chambres de la Diète, la presse nipponne se fait déjà l’écho de divisions profondes parmi les députés. Dés élus qui se déclarent insatisfaits avec les solutions proposées, craignant la fin de la « pureté dynastique ».
Le 12 janvier, le Premier ministre Fumio Kishida a remis en mains propres le rapport sur le projet de réforme de la loi de succession impériale, préparé par un panel d’experts nommés par le gouvernement, au président de la Chambre basse et de la Chambre haute. Une question brûlante qui agite le Japon depuis presque deux décennies. Régie par une loi de primogéniture exclusivement masculine, la succession actuelle interdit aux membres féminins de la maison impériale tout accès au trône du Chrysanthème. Avec une source masculine quasiment tarie, la monarchie japonaise tente d’empêcher une future crise d’héritiers. Une réforme réclamée par une large majorité de sujets du Tenno (80%). Toutefois, le débat à la Diète ne devrait pas se dérouler sans heurts tant les partis au pouvoir et d’opposition ont des points de vue divergents sur cette question.
Japan’s imperial family is facing extinction due to a shortage of eligible emperors, but some experts say the ideas floated in a government inquiry for boosting the dwindling number of royals are out of touch https://t.co/EnKaNT9cmb pic.twitter.com/5FMqGwXpwT
— AFP News Agency (@AFP) January 2, 2022
La commission fait deux propositions
Le panel d’experts a fait deux propositions : l’une est de permettre aux membres féminins de conserver leur statut royal même après le mariage ; l’autre est de permettre aux hommes des branches exclues par la Constitution de 1947 de retrouver le statut impérial par le biais d’une adoption. Mis sous pression par les plus conservateurs des députés, le panel a toutefois écarté toute possibilité à la princesse Aiko de Toshi (20 ans), de succéder à son père, l’empereur Naruhito. Ce qui a fortement agacé un ancien membre du gouvernement qui a pointé les conclusions du rapport, « ni fait ni à faire » selon lui. Rejoint par Chinami Nishimura, secrétaire général du principal parti d’opposition, le Parti constitutionnel démocrate du Japon, qui a affirmé que « le rapport tel qu’il est, ne peut pas servir de base à de futures discussions sur ce sujet ».
Letting female members of Japan’s Imperial family retain their royal status after marriage is one suggestion in a new report submitted to leaders of the Diet by Japan Prime Minister Fumio Kishidahttps://t.co/6VcJo56Ms8 pic.twitter.com/ajHLRJ1dsM
— The Japan News (@The_Japan_News) January 12, 2022
Défendre la « pureté millénaire de la dynastie »
Au sein du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, sur lequel pèse l‘influence de la Nippon Kaigi (« Conférence du Japon »), un mouvement ultra- traditionnaliste qui entend redonner au souverain toutes ses prérogatives régnantes et dont les idées ont largement infiltré les deux Chambre, il n’est pas question de déroger à l’actuelle règle de succession. Premier ministre en tête. Des députés ayant même fait part de leur crainte de voir un « Gaikokujin aux yeux bleus » (étranger) monter sur le trône du Japon, menaçant la « pureté millénaire de la dynastie ». « C’est un rapport très bien équilibré » s’est défendu de son côté Toshimitsu Motegi, secrétaire général du PLD, qui n’entend pas plus disserter sur les polémiques en cours.
Un avenir incertain, des débats repoussés
Aujourd’hui, l’avenir de la maison impériale repose sur les épaules des princes prince Fumihito d’Akishino (65 ans, frère de l’empereur) et de son fils prince Hisahito d’Akishino (15 ans). Il existe actuellement 11 anciennes branches de la famille impériale japonaise qui partagent tous un ancêtre commun et qui pourraient être réintégrées au sein de la maison impériale si la Constitution est amendée. Prévus pour cette semaine, les débats sur la succession impériale pourraient être une nouvelle fois repoussés à une date ultérieure. En privé, les partis politiques ne souhaiteraient pas qu’ils débutent maintenant afin d’éviter que la réforme ne devienne un enjeu électoral alors que la campagne pour le renouvellement des sièges de la Diète ne va pas tarder à commencer.
Frederic de Natal