Depuis le classement sans suite de l’enquête judiciaire déclenchée contre le roi Juan Carlos par la justice suisse et espagnole, décision rendue la semaine dernière, la question de son éventuel retour dans le royaume était sur toutes les lèvres. Le monarque-émérite a tranché. Il restera aux Émirats arabes unis. Pour le moment.
C’est la maison royale d’Espagne qui a mis en ligne, sur les réseaux sociaux, la lettre que le roi-émérite Juan Carlos a adressé à son fils, le roi Felipe VI, concernant la question de son éventuel retour dans le royaume. Classée sans suite par la justice espagnole et suisse, l’enquête pour détournement et blanchiment d’argent n’a pas abouti, fautes de preuves probantes. Le roi, étant également couvert par l’immunité et ne pouvant être poursuivi devant les tribunaux, a pris la décision de ne pas revenir dans son pays afin de ne pas gêner l’action de son fils, jugeant un tel acte inopportun au regard des passions déclenchées à l’époque, « où guidé par la conviction de rendre le meilleur service à l’Espagne et à tous les Espagnols, à ses institutions » il avait choisi de s’exiler aux Émirats arabes unis (août 2020).
« Connus les décrets du ministère public classant les enquêtes dont j’ai fait l’objet, il me semble opportun d’envisager mon retour en Espagne, mais pas immédiatement. Je préfère, en ce moment, pour des raisons qui relèvent de ma sphère privée et qui ne concernent que moi, continuer à résider de manière permanente et stable à Abou Dhabi, où j’ai trouvé la tranquillité, surtout pour cette période de ma vie. Bien que naturellement, je reviendrai souvent en Espagne, que je porte toujours dans mon cœur, pour rendre visite à ma famille et aux amis » écrit le souverain exilé au roi Felipe VI. « (…) J’ai l’intention d’organiser ma vie personnelle et mon lieu de résidence dans des zones privées afin de continuer à profiter de la plus grande intimité possible. Je suis conscient de l’importance pour l’opinion publique des événements passés de ma vie privée et que je regrette sincèrement, tout comme je ressens une fierté légitime de ma contribution à la coexistence démocratique et aux libertés en Espagne, fruit de l’effort et du sacrifice collectif de tous les Espagnols » aoute le monarque qui a régné entre 1975 et 2014, avant d’être contraint d’abdiquer, mis sous pression après la révélation de divers scandales le touchant comme d’autres membres de la famille royale.
Divers appels au pardon et à son retour en Espagne
Le Parti Populaire (droite), soutien indéfectible de l’institution royale, a récemment appelé le royaume à pardonner au roi-émérite. Si la Gauche, dans son ensemble a annoncé de son côté qu’elle respecterait la décision de justice du tribunal tout en marquant sa déception, c’est une voix forte du Parti socialiste qui a apporté son soutien au monarque exilé. « J’ai parlé au roi afin de savoir comment il allait. Je lui ai dit les choses qu’il a faites qui m’ont déçu. À mon avis, il devrait retourner en Espagne » a confié Felipe González Márquez, ancien Premier ministre socialiste (1982-1996), au quotidien Marca . La maison, royale d’Espagne a fait savoir qu’elle prenait acte de la décision de « Sa Majesté le Roi » et comprenait sa volonté de rester en dehors de tout champ public.
Frederic de Natal