C’est très discrètement que le comte de Paris a accordé un entretien au magazine Valeurs Actuelles, ce 25 février. Résidant dans le Sud de la France, Jean d’Orléans jette un regard critique sur l’état du pays dont il est l’héritier au trône. Rencontre avec les français, le descendant de Louis-Philippe confie également ses inquiétudes pour l’avenir de la France, au micro de Nicolas Boutin, cette perte flagrante de libertés alors que le pays s’apprête à voter pour le renouvellement du chef de l’exécutif et des élus de l’Assemblée nationale.
Il se faisait rare ces derniers temps, presque absent des réseaux sociaux dont il était pourtant réputé être un grand consommateur. Le 21 janvier 2022, le prince Jean d’Orléans s’est rendu à l’église de Saint-Germain l’Auxerrois afin de commémorer la mort de Louis XVI, victime de la vindicte révolutionnaire en 1793. A ses côtés, plus de 500 personnes qui l’ont accueilli comme il se doit et qui espèrent le retour d’une monarchie abolie en 1848. Observateur régulier de la vie politique, le comte de Paris a fait publier quelques tribunes dans divers quotidiens nationaux où il prend position. Pour ses partisans, il est l’alternative à la crise identitaire et économique qui secoue la France.
Le prince Jean dénonce les dérives de l’oligarchie actuelle
« Il faut savoir ce que pensent les Français, dans leur spécificité, prendre la mesure des attentes du pays dans l’ensemble de ses composantes. C’est une démarche discrète mais nécessaire pour être capable de réfléchir aux mesures à prendre. On ne peut pas prendre des décisions sans voir la réalité des choses » déclare le prince Jean d’Orléans qui est parti à la rencontre de ses concitoyens dans le Sud de la France où il réside désormais. Pour le prétendant au trône qui répond aux questions du magazine Valeurs Actuelles, le constat est déplorable. « La France est sous contrainte et perfusion (…) » affirme Jean d’Orléans qui espère que le pays va « retrouver une certaine dynamique, assez absente ces deux dernières années ». « Le débat est resté sur cette pandémie alors qu’il y a de nombreux autres sujets qui préoccupent nos compatriotes : la justice, la sécurité, le travail, la retraite, la santé… L’hôpital est malade, depuis des années. La pandémie n’a fait que révéler ces difficultés. Il y a aussi un nombre de fractures incroyables. Les pauvres sont laissés de côté au profit d’une société française qui dérive vers l’oligarchie. Il n’y en a que pour les privilèges. La présidentielle doit remettre au centre toutes ces problématiques » poursuit le prince quelque peu consterné par la situation dans laquelle la France est plongée.
Le comte de Paris propose le retour de la monarchie
Il a des propositions. Il évoque son livre, « Un prince français » (2009) dont beaucoup espère une seconde édition, cette Europe qui doit se transformer en fédération d’États souverains , la constitution gaullienne de la Vème République auquel il est attaché mais qui nécessite une réforme. Jean d’Orléans propose le retour « au septennat pour avoir deux rythmes qui cohabitent et collaborent : le rythme long du président de la République qui gère les affaires importantes et qui donne les directions, s’occupe de la cohésion nationale. Et le gouvernement, avec un rythme différent, qui peut être d’un parti opposé et qui joue sa partition et gère le quotidien ». De la présidence Emmanuel Macron, le comte de Paris est très critique. « On observe un glissement institutionnel, vers une vision égoïste des choses et des privations de libertés individuelles et publiques » averti le prince Jean qui dénonce le règne du clientélisme et des lobbys, une « cannibalisation » qui a pénétré toutes les officines gouvernementales, ses doutes sur la politique vaccinale mise en place contre le covid-19 et qui évoque cette oligarchie qui a laissé pénétrer la « woke culture » en France.
« Le prince en ses conseils, et le peuple en ses états »
« Nous avons un président-Premier ministre qui est au four et au moulin. Il fait de la communication parce qu’il n’a plus les moyens « souverains » pour agir. (…) Tant qu’à faire, passons à la monarchie, avec cette dichotomie entre le temps long et le temps court » déclare le comte de Paris. Le retour de la monarchie, la solution pour celui qui pourrait être Jean IV de France, un régime qui incarnerait « le prince en ses conseils, et le peuple en ses états ». « Lorsque l’Angleterre traverse des difficultés, la reine est là pour les atténuer, pour remettre du baume au cœur. Quand tout va bien, elle accentue les bonnes directions qui sont prises (…). Le système de la monarchie est intéressant parce que le long terme est représenté par une figure qui incarne la permanence, l’arbitrage, au-dessus de la mêlée des partis. Ce qui n’empêche pas le débat démocratique, loin de là, dans l’alternance des gouvernements qui gèrent le quotidien » affirme le fils d’Henri d’Orléans et de Marie-Thérèse de Wurtemberg. Pour autant, il ne donnera aucune consigne de vote, restant fidèle à son devoir de neutralité, celle à laquelle est astreinte tout souverain.
Frederic de Natal