C’est une nouvelle qui n’a pas surpris grand monde mais qui fait déjà grand bruit. Le prince Frédéric von Anhalt, 78 ans, ancien époux de l’actrice Zsa Zsa Gabor, a annoncé que faute d’héritiers directs, il adoptait un jeune homme de 27 ans afin que celui-ci « perpétue le nom de sa lignée ». Une décision qui a provoqué la colère du chef de la Maison d’Anhalt, une famille qui a écrit les plus belles pages de l’histoire allemande et qui rappelle qu’elle la vraie place de l’aristocrate au sein de l’arbre généalogique de cette maison princière.
Frédéric von Anhalt est un personnage haut en couleurs, excentrique, dont les frasques et les aventures ont nourri durant des décennies les principales pages des magazines People. A 78 ans, il reste encore un mondain sulfureux dont les paparazzades ont même été reproduites par des influenceuses connues. Il porte un nom célèbre, celui d’une maison ascanienne qui a régné sur ses états durant 7 siècles, jusqu’à la chute de l’empire allemand en 1918. Comme beaucoup de familles, les von Anhalt se sont jetés dans les bras d’Adolf Hitler avant d’en devenir des opposants publics. Ce qui ne n’empêchera pas le prince Joachim Ernst de connaître l’emprisonnement au camp de concentration de Dachau, incarcéré par les Alliés, puis un autre, celui de Buchenwald, embastillé par les soviétiques qui occupent ses terres et d’y mourir d’épuisement en 1947 (il a été reconnu « victime de la répression politique soviétique » un demi-siècle plus tard).
Frédéric von Anhalt est loin de cette histoire millénaire. Il n’est pas né dans cette famille qui le regarde en chien de faïence. Hans Robert Lichtenberg, de son vrai nom, a été adopté en 1980 par la princesse Marie-Auguste d’Anhalt peu de temps avant son décès. Fille du dernier duc régnant d’Anhalt, elle a épousé le prince Joachim von Hohenzollern, le fils du Kaiser Guillaume II. Un mariage désastreux qui conduira les deux époux à se séparer en 1920 et au suicide du prince Joachim. Leur enfant, le prince Charles, va être l’objet d’un long conflit juridique entre les deux maisons avant d’être confié à sa mère. Unique héritier d’une fortune colossale, il meurt en 1975 au Chili, âgé de 58 ans (il est le grand-père du Grand-duc Georges Romanov). Parmi ses amis revendiqués ou supposés, Hans Robert Lichtenberg qui prend le nom de sa mère adoptive, une fois les papiers signés. L’aristocratie allemand va crier au scandale et accuse le nouveau prince d’être le « Toy boy » de la princesse d’Anhalt. La maison d’Anhalt s’empresse de faire savoir qu’elle ne reconnaît pas la titulature dont il se pare au cours de soirées mondaines et le mentionne sur son site officiel.
C’est d’ailleurs au cours d’une ces noces arrosées que le prince fait la rencontre de Zsa Zsa Gabor, fameuse actrice de 26 ans son aînée. Il devient très rapidement son amant et l’épouse en grande pompe en 1986. Septième mariage pour lui, neuvième mariage pour elle, les deux font la paire. Lorsqu’il évoque cette union, Frédéric von Anhalt parle d’une franche « amitié qui s’est transformée en amour sincère au fur et à mesure du temps », sorte de gentlemen’s agreement, où le tout Hollywood (Liz Taylor, Elon Musk, Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone, Kylie Jenner des Kardashians) se presse autour de ce couple qui affirme cousiner avec la Famille royale d’Angleterre. Le glamour couche avec le scandaleux d’autant que la fortune des Hilton n’est pas loin (une sœur de Zsa Zsa Gabor a épousé l’héritier des hôtels Hiton, faisant du prince von Anhalt le grand-oncle d’une certaine Paris Hilton) et face à une épouse vieillissante, il s’affiche allégrement avec la playmate Anne-Nicole Smith, veuve du Tycoon texans James Howard Marshall II. Un autre mariage qui avait défrayé la chronique en son temps en raison de leur énorme différence d’âge.
Soutien de Donald Trump, Frédéric von Anhalt a même tenté de se présenter au poste de gouverneur de Californie de 2010 avant de se retirer en raison des ennuis de santé de son épouse. En Allemagne, les déclarations du prince Edouard d’Anhalt se multiplient et condamnent toutes les actions de ce prince qui porte son nom. D’autant que fortuné, il joue allégrement avec l’arbre généalogique de sa famille adoptive. Ce qui n’est pas sans poser un problème pour les généalogistes. Pas moins de 8 enfants adoptés (et depuis deshérités) par ce prince et qui portent le nom des von Anhalt dont un certain Marcus d’Anhalt. Ce dernier a lui-même défrayé la chronique par de nombreux scandales en tout genre. Peu regardante, la presse allemande considère ces princes comme des vrais membres de la maison d’Anhalt au mépris de toutes règles de transmission généalogique. « A lui seul, il a adopté beaucoup plus de personnes que tous les autres. Nous sommes douze natifs d’Anhalt contre 80 qui portent notre nom et qui n’ont rien à voir avec nous. Notre nom historique est traîné dans la boue » déplore Edouard d’Anhalt. Le chef des Ascaniens ne cache pas sa colère et déplore ne pouvoir rien faire juridiquement. Récemment, c’est un Constantin d’Anhalt -Dessau contre lequel le prince a dû se battre, au curriculum vitae controversé, et qui se présentait comme candidat du parti d’extrême-droite AfD, mouvement pour lequel Edouard d’Anhalt refuse que le nom de sa famille soit mêlé. Un bis repetita puisque Marcus d’Anhalt avait lui-même affiché ses préférences pour l’AfD avant de partir vivre à Dubaï avec une Iranienne.
A 27 ans, Kévin Feucht a confirmé qu’il avait été adopté par le prince Frédéric von Anhalt et qu’il a pris son nom de famille afin de le faire « resplendir ». De quoi jeter encore plus le trouble dans la Maison princière qui ne sait plus à quel saint se vouer afin de stopper la falsification nobiliaire de son arbre généalogique.
François Beautemps