Les Belmondo. Une dynastie sous les projecteurs

La disparition récente de Jean-Paul Belmondo permet de mettre en lumière toute une dynastie artistique et les titres de certains de ses films pourraient servir à décrire l’univers familial de cet acteur exceptionnel.

Jean-Paul était-il L’As des As ou Le Marginal de sa famille ? Disons qu’il était d’abord L’Héritier d’une dynastie dont le plus ancien porteur du nom vivait au xvi^e siècle dans le Piémont, à quelques encablures de la France. Le nom Belmondo, issu de bello mondo, se traduit littéralement par « Celui qui est du beau monde ».

Claudio Belmondo, le plus ancien ancêtre direct du comédien, était né aux alentours de 1610 à Pietraporzio. Cette commune est connue sous le nom français de Peilaporc et elle fut traversée par les troupes du roi François I^er lors des guerres d’Italie. On sait que la famille était déjà installée dans ce village transalpin depuis plusieurs décennies. Car Jean-Paul descend également à la onzième génération de Giovanni Battista Belmondo, né vers 1594 et qui est le plus ancien aïeul de Caterina Maria Belmondo. Cette dernière épousera en 1753 en l’église paroissiale son lointain cousin Giuseppe Belmondo, arrière-arrière-petit-fils de Claudio.

Claudio exerce le métier de colon, autrement dit un agriculteur qui loue une métairie et partage ses profits avec son propriétaire. Durant six générations, les Belmondo seront colons à Pietraporzio. Certains iront chercher leur épouse dans des villes voisines piémontaises. C’est Stefano, fils de Giuseppe et Caterina Maria Belmondo, qui quittera le village ancestral pour s’installer à Demonte, à une vingtaine de kilomètres à l’est. Au même moment, un membre de sa famille, conseiller municipal de Pietraporzio, acquiert de la notoriété en tant que chef de bande royaliste contre les troupes de la Révolution française et de Napoléon Bonaparte entre 1796 et 1799, puis en 1812. Durant deux générations, les Belmondo seront agriculteurs et colons à Demonte avant de s’installer à Borgo San Dalmazzo, aux portes de Coni, où ils seront forgerons.

Après le Risorgimento, les trois fils de Paolo Francesco quitteront l’Italie et s’installeront à Nice, Alger et Marseille. Les Cerrito, originaires de Cefalù en Sicile, où vivait Pietro, un maître artisan du milieu du xviii^e siècle, auront un parcours similaire. En dépit d’une légende familiale, ils ne semblent pas apparentés à Fanny Cerrito, ballerine napolitaine adulée sous le Second Empire. L’arrière-petit-fils de Pietro, Antonio Francesco, quittera sa Sicile natale pour l’Algérie, où il deviendra maître constructeur en maçonnerie et propriétaire terrien. Sa fille Rosa, couturière née à Cefalù, séduira Paul Belmondo, le forgeron, qui l’épousera à Alger en 1897, donnant naissance à la célèbre dynastie d’artistes…

En 1913, le couple résidant encore à Alger obtient la nationalité française. Dans la famille Belmondo, Paul n’est pas le seul à avoir demandé la citoyenneté française. Son cousin germain, de six ans son aîné, Jean-Baptiste Belmondo, ouvrier peintre en bâtiment à Marseille, était devenu Français en octobre 1890.

Habitué au feu, c’est le sculpteur et médailleur Paul Belmondo qui fera entrer la famille dans la lumière. Il épousera une artiste peintre, Sarah Rainaud-Richard, dont les racines sont parisiennes, dauphinoises, savoyardes et bourguignonnes. Du côté paternel, son père François et son grand-père Julien-Marie Rainaud-Richard sont bijoutiers. En remontant leur généalogie, on découvre des aïeux tailleurs et cultivateurs en Savoie. Son grand-père maternel, Prosper-Claude Raphaël, était un graveur parisien. Mariés en 1901, les parents de Sarah divorceront en 1913. Deux ans plus tard, lors de la Première Guerre mondiale, affecté au 23^e régiment d’infanterie coloniale, François Rainaud-Richard disparaîtra lors d’un combat violent et dévastateur pour l’armée française à Massiges, en Champagne, et sera reconnu « Mort pour la France » à la date du 25 septembre 1915.

Puis les trois enfants de Paul et Sarah deviendront à leur tour des étoiles du 7^e art. Muriel et Jean-Paul deviennent les acteurs que l’on connaît bien, alors qu’Alain choisit la voie de producteur de cinéma. Ce dernier a un fils, Olivier, qui est acteur et metteur en scène, marié à l’artiste interprète et professeur de théâtre Audrey Durante, née en 1982, dont il a un enfant.

Jean-Paul s’unira en premières noces avec la danseuse Élodie Constantin – Renée Constant de son vrai nom –, dont le père, Raoul Constant, natif du Lot, était chauffeur automobile. Ils auront d’abord deux filles, Patricia, née en 1953, qui décédera dans un incendie en 1993, et Florence, née en 1960. Celle-ci choisira de s’expatrier aux États-Unis avec son époux Chris Waters. Le couple aura trois enfants : Annabelle, née en 1988, qui, après des études de journalisme et bien que passionnée de musique, poursuit une carrière de mannequin sous le nom d’Annabelle Belmondo, Christopher, né en 1993, et Nicholas, né en 1997.

Paul, l’unique fils du flamboyant Jean-Paul, né en 1963, s’orientera d’abord sur les circuits automobiles avant de tâter également le cinéma, puis de passer le flambeau à son fils cadet Victor, qui deviendra ainsi le représentant de la troisième génération d’acteurs. Tandis que son frère aîné Alessandro préfère s’épanouir dans l’art culinaire, suivant ainsi sa talentueuse mère Luana, animatrice d’émissions de cuisine. En attendant, le dernier, Giacomo Belmondo, né en 1998, qui aime jouer de la batterie, étudie à l’Essec pour devenir producteur. Enfin, de son union avec Nathalie Tardivel, alias Natty, mannequin et célèbre « coco-girl », Le Magnifique aura une troisième fille, Stella, née en 2003 et qu’il surnommera son « Rayon de Soleil ».