Pour les portugais, le 1er décembre est un fête nationale, un moment d’unité autour de leur Histoire. C’est en effet à cette date, en 1640, qu’une partie de la noblesse locale s’est soulevée contre l’occupant espagnol. A la tête de cette conjuration soutenue par le cardinal de Richelieu, pas mécontent de jouer un mauvais tour aux Habsbourg, le duc Jean de Bragance. Ce Capétien à l’arbre généalogique éloquent va bientôt monter sur le trône d’un royaume, futur empire colonial. Chaque année, son descendant et héritier de la couronne prononce un discours enregistré à l’attention de ses partisans et de ses compatriotes.
« Cette année a été particulièrement difficile et exigeante pour tous les Portugais. La pandémie que nous vivons n’a laissé de répit à personne, et le Portugal, comme le reste du monde, a souffert des nombreuses mesure prises qui ont eu des conséquences économiques importantes ». C’est sur un ton préoccupé que Dom Duarte de Bragance a débuté son discours à la nation. Bien que la maison royale de Bragance ne règne plus sur le Portugal depuis la révolution de 1910 (brièvement restaurée en 1919), elle jouit toujours d’une forte popularité. Si le prétendant au trône a reconnu que les décisions prises par le gouvernement avaient permises « d’envisager la crise sanitaire avec plus de sérénité, contrairement au nombre de nos pays partenaires où les niveaux de vaccination sont loin » de ceux de son pays, s’il salue le comportement de ses compatriotes « qui ont intelligemment participé activement à la lutte contre la pandémie », il remarque toutefois que cette pandémie a une nouvelle fois mis en évidence la faiblesse des performances économiques portugaises.
« Il est urgent que le Portugal se repositionne comme un acteur dynamique au sein de la société des nations européennes. Nous devons être à nouveau dans l’actualité pour de bonnes raisons et pas seulement pour l’approbation de mesures inhabituelles, qui ne font que bloquer le fonctionnement des entreprises et nuire à la création de richesse, éloignant les investisseurs » affirme Dom Duarte de Bragance très sensible à la cause écologiste, partie intégrante du monarchisme portugais. Dans les années quatre-vingt ce sont d’ailleurs eux qui ont été les premiers à pointer du doigt les problèmes de réchauffement climatique que la planète connaît aujourd’hui. Le prétendant au trône a souligné « l’impasse dramatique dans lequel se trouvait les accords de Paris ».
« Comme toujours, la famille royale portugaise sera disponible pour tout ce que les Portugais jugeront utiles »
Portant l’accent sur une réforme nécessaire de l’éducation nationale, il a rappelé que celle-ci ne pouvait « pas être soumise aux contraintes idéologiques de l’État » et dénoncé les lobbys « qui agissent de manière non démocratique en imposant leurs théories du genre » et « qui n’ont d’autres buts que de créer une nouvelle sémantique sans aucun sens et limiter notre liberté d’expression ». Prônant la nécessité du retour au service militaire, le prince estime qu’il s’agit là d’une étape indispensable pour que le « jeunesse comprenne enfin ce que signifie le service à la communauté ». Un discours très politique, engagé, également tourné vers les anciennes colonies du Portugal qui forme la communauté lusophone et à laquelle le prince est attachée. Militaire durant la guerre d’Angola (1971-1973), Dom Duarte de Bragance avait pris fait et cause pour les partis prônant le multiracialisme. Plus récemment, il s’est investi avec succès dans la cause indépendantiste du Timor Leste. « La maison royale du Portugal s’est donnée pour mission de réunir ces États, communautés d’émigrés et descendants de Portugais à travers le monde. A quand une politique ambitieuse qui crée des écoles portugaises, des lycées et des universités qui renforcent ces liens culturels qui nous unissent ? » demande le prince.
« Comme toujours, la famille royale portugaise sera disponible pour tout ce que les Portugais jugeront utiles. Cet héritage que nous portons est un instrument qui construit des ponts entre les personnes, les communautés et les institutions, ainsi que le symbole de notre unité » affirme Dom Duarte. Soutenu par diverses associations et mouvements monarchistes parlementaires, 39% des portugais souhaiteraient le retour de la monarchie selon un récent sondage.
Frederic de Natal