Le prince Albrecht d’Oettingen-Spielberg s’est éteint à 74 ans, laissant orpheline une des plus anciennes dynasties d’Allemagne. Sa disparition marque la fin d’un chapitre pour la Maison d’Oettingen, désormais guidée par son fils Franz-Albrecht.
C’est une figure respectée de l’aristocratie allemande qui s’est éteinte le 11 novembre 2025. Albrecht, prince d’Oettingen-Oettingen et d’Oettingen-Spielberg, est décédé à l’âge de 74 ans, laissant derrière lui une famille unie, un domaine florissant et une maison princière dont il fut le gardien exemplaire durant un demi-siècle.
Sa disparition représente bien davantage que la perte d’un chef de famille : elle marque la fin d’une ère pour une lignée qui, depuis près de mille ans, se tient au cœur de l’histoire bavaroise.

Un prince enraciné dans la tradition et le devoir
Né le 7 février 1951 à Munich, Albrecht descendait d’une longue lignée où se mêlent rigueur, sens du devoir et attachement au territoire. Fils du prince Alois — disparu prématurément à 55 ans en 1975 — et de la comtesse Elisabeth zu Lynar, il grandit dans l’atmosphère feutrée mais exigeante d’une famille façonnée par les responsabilités ancestrales.
Brillant, discret, d’une réserve toute bavaroise, Albrecht se passionne très tôt pour les sciences. Après des études de physique à l’Université technique de Munich, il rejoint en 1975 l’entreprise familiale, axée principalement sur la foresterie et la gestion durable des immenses forêts princières. Il y occupe des postes de direction jusqu’à en devenir, naturellement, le chef incontesté.
En 1980, il épouse Angela Jank, avec laquelle il aura quatre enfants : Franz-Albrecht,, Theresa, Antonia et Nora. Avec le temps, la famille s’est encore agrandie avec de nombreux petits-enfants, faisant du patriarche une figure chaleureuse et fédératrice.

Une famille au millénaire d’histoire : les Oettingen, seigneurs de Souabe et princes du Saint-Empire
Pour comprendre la portée de la disparition du prince Albrecht, il faut remonter aux racines très anciennes de la Maison d’Oettingen. Apparu dès le XIᵉ siècle dans la région de Souabe, le lignage Oettingen est l’une des plus anciennes familles nobles d’Allemagne, issue des comtes puis princes médiévaux du Saint Empire romain germanique. Avec l’apparition de la Réforme, la dynastie, comme bien d’autres familles de l’Allemagne en devenir, se divise. La lignée protestante s’est éteinte au cours du XVIIIe siècle avec Albrecht Ernst II, un prince passionné d’art baroque qui a laissé derrière lui un nombre de châteaux conséquents.
Aujourd’hui encore, elle demeure l’une des anciennes maisons allemandes à avoir préservé un ensemble imposant de biens familiaux, dont le château d’Oettingen, centre historique et symbolique de la lignée.
Au fil des siècles, la maison s’est également divisée en plusieurs branches dynastiques — notamment Oettingen-Oettingen, Oettingen-Spielberg et Oettingen-Wallerstein — reflet de la complexité féodale de l’époque. Ces branches possédaient terres, châteaux, villes et droits seigneuriaux, et jouèrent un rôle majeur dans les équilibres politiques de la Bavière et du Wurtemberg où il fut incorporé lors de la création de la Confédération du Rhin (1806) par Napoléon Ier.

Les figures illustres de la Maison d’Oettingen
Au cours de dix siècles d’histoire, les Oettingen , qui auront le droit de frapper leur propre monnaie, ont donné naissance à une multitude de personnalités marquantes.
Parmi lesquelles, le prince François-Albert von Oettingen-Spielberg (1664-1737) qui participa activement aux campagnes contre les Ottomans et fut l’un des conseillers militaires les plus écoutés de l’Empereur Charles VI. Ou encore, la princesse Christine Luise d’Oettingen (1671-1747), qui par son mariage avec Louis-Rodolphe de Brunswick accéda au rang d’ancêtre directe de nombreuses maisons régnantes européennes, faisant des Oettingen un véritable carrefour généalogique (Habsbourg, Romanov).
Ces figures, entre guerre, diplomatie et mécénat, ont donné à la famille une réputation de raffinement, de discipline et de fidélité à l’Empire puis à la Bavière. Devenus membres de Chambre des conseillers impériaux de la Couronne de Bavière, ils vont partager le destin des Wittelsbach et perdre leurs titres et privilèges en 1918 à la chute de la monarchie.
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Franz-Albrecht et Cleo : la nouvelle génération à l’épreuve du temps
Son fils aîné, Franz-Albrecht, âgé de 43 ans, est devenu chef de la maison princière.
Son épouse, Cléopâtre — « Cleo » —, 38 ans, porte désormais le titre de princesse d’Oettingen-Spielberg. Née en Suisse, elle mène une carrière de mannequin et d’actrice, tout en s’investissant dans des causes sociales, notamment des ONG consacrées à la protection de l’enfance. « L’enfance est une période très vulnérable, et je veux prévenir leurs souffrances », confie-t-elle avec une sincérité qui séduit autant qu’elle inspire. Le couple vit à Madrid, où il élève ses trois enfants : Matilda Galilea, Louis-Albrecht et Milana Olympia.
Franz-Albrecht est connu pour sa passion pour la chasse — au point d’être surnommé « le chasseur le plus célèbre d’Allemagne » par le magazine Le Chasseur Français. Très proche de la famille royale britannique, il était invité au mariage du prince William et de Kate en 2011, signe de liens anciens entre les deux maisons.
La continuité familiale, l’ouverture vers l’extérieur et l’engagement social demeurent les piliers d’une lignée qui, malgré la modernité, n’a jamais cessé d’incarner l’élégance, la rigueur et l’âme même des anciennes maisons européennes.
Frédéric de Natal
Rédacteur en chef du site revuedynastie.fr. Ancien journaliste du magazine Point de vue–Histoire et bien d’autres magazines, conférencier, Frédéric de Natal est un spécialiste des dynasties et des monarchies dans le monde.







