Le 26 avril, le gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez a publié un décret qui permet à la Cour des comptes de contrôler, par le biais d’un audit externe, les comptes de la couronne espagnole. En jouant la carte de la transparence sur le montant de son patrimoine actuel, alors que rien ne l’y oblige, le roi Felipe VI a opéré une véritable révolution au sein de l’institution royale secouée par divers scandales.
Secouée par plusieurs scandales financiers, la monarchie est sous le feu de violentes critiques. Lundi dernier, le roi Felipe VI a surpris ses compatriotes en publiant le montant de son patrimoine. Une initiative décidée par le monarque lui-même à la veille de la promulgation d’un décret réformant en profondeur la gestion des comptes des comptes de la couronne royale et qui va dans le sens des réformes de l’institution royale mises en place par Felipe VI depuis son accession au trône en 2014.
Un geste salué par la classe politique espagnole
« Depuis sa prestation de serment devant les Cortes, Sa Majesté le Roi s’est engagé sur une voie de modernisation de la Couronne afin de la rendre digne du respect et de la confiance des citoyens selon des principes d’exemplarité, de transparence, de droiture et d’intégrité (…) » mentionne le communiqué officiel. Disposant d’un patrimoine s’élevant à 2 573 392,80 euros, divisés entre plusieurs comptes chèques ou d’épargne et à des titres de participation à des fonds, des objets d’art, des antiquités et des bijoux « qui ont fait l’objet de l’expertise correspondante », ils « proviennent de sa rémunération perçue au cours des 25 dernières années, en tant que prince des Asturies et tant que chef de l’État » révèle le communiqué de la Casa Real. Répondant aux « principes moraux et éthiques exigés par les citoyens », le geste a été salué par l’ensemble de la classe politique. En effet, le décret publié par le palais de la Moncloa, siège du Premier ministre Pédro Sanchez, stipule que le roi n’est pas contraint de publier son patrimoine personnel.
Le roi, garantie de l’unité de l’Espagne
Membre de la majorité gouvernementale, le tonitruant parti d’extrême-gauche Podemos, qui ne cache pas sa volonté de faire abolir la monarchie (restaurée en 1975 au décès du général Francisco Franco) , est montée au créneau, critiquant une réforme qui ne remet pas en cause l’inviolabilité du roi garantie par la constitution de 1978. « Tant que le roi est inviolable, il est impossible de savoir si l’héritage qu’il déclare est réel et tout arrêté royal qui serait publié au BOE (Journal officiel de l’État-ndlr) en ce sens peut être ignoré sans conséquence » a déclaré Pablo Echenique. Podemos a dénoncé sur son compte Twitter une mise en scène qui « maquille la réalité ». Même son de cloche de la part des partis indépendantistes qui ont publiquement regretté de « n’avoir pas été associés à ces travaux ».
Selon un sondage publié en décembre 2021 par le quotidien La Razon, 72% des espagnols affirment que le roi « reste la meilleure garantie de l’unité de l’Espagne » et avec 7 espagnols sur 10 qui se déclarent satisfait de son travail. Toutefois les résultats issus de diverses enquêtes d’opinion régulièrement réalisées sur la monarchie varient trop souvent et ne permettent pas réellement de déterminer le réel attachement des Espagnols à la couronne royale.
Frederic de Natal