Rien ne va plus dans le Commonwealth de la reine Elizabeth II. Le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, le docteur Ralph Gonsalves, a annoncé qu’il souhaitait mettre en place un second référendum afin de décider du maintien (ou non) du monarque comme chef d’État de cette île des Caraïbes. Une idée qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’opposition qui a rappelé au dirigeant travailliste que cette question avait déjà été posée en 2009 avec une réponse claire de la part de ses compatriotes.

Nouveau coup de Trafalgar pour la monarchie britannique. Depuis le désastreux voyage des membres de la famille royale dans les Caraïbes (mars-avril 2022), dans le cadre du Jubilé de Platine, de nombreuses voix au sein des États du Commonwealth se sont élevées pour réclamer la rupture définitive de leurs liens avec Londres. Lundi 2 août, le docteur Ralph Gonsalves, Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a publiquement proposé la mise en place d’un second référendum afin que les habitants de cette île puissent à nouveau décider s’ils souhaitent le maintien de l’institution royale ou prendre leur destin en main. « Je vais vous dire ceci. Je suis prêt, si l’opposition est d’accord aujourd’hui, avant la fin de l’année ou au début de l’année prochaine, à poser cette question lors d’un référendum » a déclaré le docteur Ralph Gonsalves.

Une île qui a déjà dit oui à la monarchie

Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines fait de la question monarchique son cheval de bataille. Répondant à une promesse électorale, le dirigeant du Parti travailliste uni (ULP), avait déjà soumis, une première fois en 2009, l’avenir de la monarchie au vote populaire et n’avait pas réussi à convaincre ses compatriotes de la nécessité de se débarrasser de la reine Elizabeth II. 56% des suffrages exprimés avaient renouvelé leur attachement à la monarchie Britannique contre 44% en faveur de la république. En poste depuis deux décennies, le docteur Ralph Gonsalves avait alors pris acte du résultat, affirmant qu’un second référendum ne sera pas à exclure dans le futur tout en jurant, lors d’une visite du prince Charles, « que ce ne serait pas lui qui en serait l’organisateur mais son successeur ». Une promesse qu’il semble avoir oubliée.

Un Premier ministre anti-monarchiste et népotique

Cité par le Jamaïca Gleaner, le docteur Ralph Gonsalves a également déclaré que s’il obtient l’accord du Nouveau Parti démocrate (NPD), un comité serait constitué afin d’organiser le processus de mise en place du référendum et celui de décolonisation des noms rappelant une période douloureuse pour les habitants de de Saint-Vincent-et-les Grenadines. « Nous changerons le nom de Victoria Park. Nous changerons le nom de la rue Higginson et d’autres endroits. Et nous le ferons surtout en cette période de nouvel espoir… » a affirmé le Premier ministre qui compte à son actif, la suppression du serment d’allégeance à la monarchie, jusqu’ici obligatoire pour les fonctionnaires. Une idée qui ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de l’opposition. Le NPD pointe du doigt les liens étroits entretenus par Ralph Gonsalves avec Cuba et le Venezuela, l’accusant de népotisme (il a nommé son fils ambassadeur aux Nations Unies) et de vouloir instaurer un pouvoir personnalisé. Irrité par les remarques, le docteur Ralph Gonsalves s’est contenté de rappeler qu’il jouait le jeu démocratique en sollicitant l’accord du NPD, mais « pouvait tout aussi bien s’en passer puisque la loi le lui autorisait ».

En novembre 2001, l’île de la Barbade a pris son indépendance sans que Buckingham n’essaye de les retenir. La nouvelle république ayant manifesté la volonté de rester au sein du Commonwealth. Lors du dernier sommet de cette organisation (juillet 2022), qui regroupe plus d’une cinquantaine de pays (le Gabon et le Togo qui récemment ont fait acte de candidature), le prince Charles a déclaré que « le régime constitutionnel de chaque membre, en tant que république ou monarchie, relevait uniquement de la décision de chaque État membre ». Un discours pris au pied de la lettre par le Premier ministre Ralph Gonsalves.

Frederic de Natal