Reine depuis sept décennies, Elizabeth II nous parait immuable et éternelle, gardienne des traditions britanniques qui font l’admiration de tous. Ointe par la grâce de Dieu, elle s’est inscrite dans la défense de la Foi, fidèle au serment prononcé en 1953 dans la cathédrale de Westminster où elle a été couronnée. A la veille du Jubilé, la Revue Dynastie revient sur les liens de la reine Elizabeth II et la religion chrétienne.
Le 2 juin 1953, le monde entier retient son souffle. Il va assister pour la première fois à la retransmission télévisuelle d’un sacre, celui du nouveau monarque d’Angleterre. A Londres, ils sont des centaines de milliers à avoir envahi la capitale du Royaume-Uni pavoisée d’Union Jack. Un drapeau, symbole d’une puissance qui rayonne sur les cinq continents. Les hôtels sont complets et on n’hésite pas à camper sur les trottoirs où on défend ardemment sa place. « Ce n’est plus seulement d’attachement qu’on doit parler, mais bien de passion, d’une passion faîte d’affection attendrie pour la personne si pleine d’attraits de la jeune reine, de respect, pour les principes qu’elle incarne et, plus encore de respect, de la conviction absolue que ces principes sont éminemment et exclusivement propres à assurer le bien-être et la grandeur de l’Angleterre » écrit René Massigli, ambassadeur de France en poste à cette époque.
Un sacre mystique
Montée sur le trône un an auparavant, Elizabeth II est aussi devenue la chef de l’Église anglicane. Loin des clameurs qui se font déjà entendre, elle se prépare. Elle a rendez-vous avec l’Histoire mais aussi avec Dieu. Elle s’est entraînée à porter la couronne de Saint-Édouard de deux kilogrammes, sertie de vingt-trois pierres précieuses et d’or. L’organisation du sacre a été confiée à son mari, Philip Mountbatten, qui s’y adonne avec l’énergie du viking qui sommeille en lui. Un souffle d’air pour la souveraine qui a réuni autour d’elle différents prélats. Elizabeth II entend servir aussi bien ses sujets que le divin. Peu le savent encore mais la fille du roi George VI est spirituelle, profondément croyante. Cette cérémonie représente pour la reine, le symbole de l’union intemporelle entre l’Église et la royauté, le socle de ses regalia, ceux qui ont contribué à forger tout le mystique de l’institution royale. Rien d’étonnant si le roi George II a choisi en 1727 une composition de Haendel, Zadok The Priest, pour accompagner les rois dans leur couronnement. C’est un dérivé musical du sacre de Salomon dont se réclament les souverains britanniques, une saga que bien des monarques n’ont pas hésité à annexer pour leur propre compte. Avant de partir vers Westminster, la reine souhaitera se recueillir, seule, face à sa mission christique.
Une reine, ointe par Dieu
« God save the Queen » selon la formule consacrée. Elizabeth II sera ointe par des mains de Geoffrey Fischer, l’archevêque de Canterburry. Un privilège quand on sait qu’elle est l’unique souveraine européenne à bénéficier encore de ce rite. Elle-même attache beaucoup d’importance à ce geste et a habilement négocié que ce moment intime, qui va la rattacher au Très-Haut, ne soit pas vu du commun des mortels. Durant moins d’une minute, les caméras de télévision offriront aux téléspectateurs un plan aveugle sans que ceux-ci ne s’aperçoivent de quoi que ce soit. « Maintiendrez- vous, autant que le permettra votre pouvoir, les lois de Dieu et la vraie profession de l’Évangile et la religion réformée protestante, établie pat la loi au Royaume-Uni ? Maintiendrez -vous et protégerez-vous de façon inviolable l’assise de l’Église d’Angleterre, sa doctrine, son culte, sa discipline et son gouvernement tems qu’établis par la loi en Angleterre ? » lui demande l’archevêque. « Tout cela je le promets » lui répond la souveraine de 27 ans. Main droite sur l’évangile et agenouillée, Elizabeth II déclare que « toutes ces promesses, je les tiendrai et garderai. Que Dieu me vienne en aide ». Assise sur son trône, le même qui a servi pour de nombreux souverains anglais, elle est devenue reine par « la grâce de Dieu ».
Les Évangiles, « cette source d’espoir »
Depuis 70 ans, elle n’a jamais dévié une seule fois de cette mission confiée par Dieu. Elle a une vision personnelle du Christ, plus consensuelle, multiculturaliste à l’image de sa monarchie et du Commonwealth où cohabitent diverses religions. Elle ne prend jamais la Sainte Communion en public, préférant la prendre plusieurs fois par an en privé, y compris une fois lors d’un service tôt le jour de Noël, avant le service religieux principal à l’église de son domaine de Sandringham en Angleterre. Loin d’être une bigote, elle n’hésite pas à aborder le « glorieux langage de la Bible » avec simplicité comme lors d’un discours de 2010, où elle avait rappelé l’importance de la famille, de la solidarité entre les générations et l’amour du prochain. Certains de ses discours sont ponctués de messages théologiques. En 2015, elle clos l’année en citant l’Évangile de Saint-Jean à la surprise générale. Encore dernièrement, en novembre 2021, ne pouvant pas assister l’assemblée du Synode de l’Église d’Angleterre, elle a adressé une lettre aux évêques, rappelant l’importance du respect des Évangiles, « cette source d’espoir » pour tous.
Prince Philip and Queen Elizabeth with Pope Benedict XVI. pic.twitter.com/fqKF521PVQ
— Sachin Jose (@Sachinettiyil) April 9, 2021
Elizabeth II, Défenseur des .. Foi
« Défenseur de la foi », la reine Elizabeth II l’est assurément. Elle n’a cessé d’agir en coulisse au rapprochement de la religion anglicane et catholique, séparées depuis le XVIème siècle. Irrité de ne recevoir aucune autorisation de divorce par le pape Clément VII, le roi Henri VIII avait fini par rompre avec le Saint-Siège et s’était proclamé chef suprême de l’Église d’Angleterre. Une scission qui ne sera pas sans conséquences funestes pour la population au cours des siècles successifs, ou catholiques et protestants s’affronteront plus d’une fois. Méprisés en Irlande, la reine Elizabeth II a tendu plus d’une fois la main aux catholiques de son royaume, malgré les attentats organisés contre la famille royale par l’IRA. Première souveraine à rendre visite à un pape en 1961, sa politique habile de réconciliation a trouvé son apogée avec le voyage de Jean-Paul II en Angleterre en 1982, deux ans après la sienne au Vatican. Depuis, elle a rencontré tous ses successeurs, se disant admiratrice du travail réalisé par Mère Térésa, la sainte de Calcutta qu’elle a décoré de l’ordre du Mérite du Commonwealth.
« Je sais à quel point je compte sur ma foi pour me guider dans les bons et les mauvais moments. Chaque jour est un nouveau départ. Je sais que la seule façon de vivre ma vie est d’essayer de faire ce qui est juste, d’avoir une vision à long terme, de donner le meilleur de moi-même dans tout ce que la journée apporte et de mettre ma confiance en Dieu… Je puise ma force dans le message d’espérance dans l’Evangile chrétien » a déclaré la reine en 2002. Un discours en forme de testament qui témoigne du fort attachement de la reine Elizabeth II à la foi chrétienne. Un exemple à suivre pour des générations de Britanniques qui vivent dans un pays où la religion est indissociable de la monarchie et de l’identité nationale.
Frederic de Natal