Dom Duarte de Bragance, à l’invitation du gouvernement du gouvernement, s’est rendu au Timor-Oriental où il a assisté au 20ème anniversaire de l’indépendance de ce pays d’Asie du Sud-Est, accompagné de l’infante Maria Francisca, sa fille. Durant de nombreuses décennies, le prétendant au trône du Portugal a été un infatigable combattant du droit à l’autodétermination des Timorais.
Dom Duarte de Bragance, 77 ans, n’a jamais ménagé ses efforts pour faire connaître le Timor-Oriental sur la scène internationale. Ancienne colonie portugaise depuis le XVIème siècle, un des fleurons de son empire, Lisbonne finit par accepter de mettre en place un processus d’indépendance après la Révolution des Œillets en 1974. Mais l’instabilité politique et économique contraint le Portugal à reculer de deux ans la fin du statut colonial de ce pays d’Asie du Sud-Est. Profitant de la division qui règne entre les deux principaux groupes de rébellion, l’Indonésie voisine envahit le pays en décembre 1975 et annexe le Timor-Oriental sans aucune réaction de la part du monde occidental.
Dom Duarte engagé contre le colonialisme
Le prétendant au trône s’est prononcé en faveur de l’indépendance des anciennes colonies portugaises notamment en Angola (Afrique) où il n’a pas hésité à s’investir en politique au sein d’un parti multiracial (1972). Au grand agacement de la dictature militaire qui le fera expulser du pays. La prise de contrôle Timor-Oriental par Jakarta le révulse. Il va devenir un des porte-drapeaux du droit à l’autodétermination de ce pays en devenir. Il initie diverses campagnes comme « Timor 87 Vamos Ajudar » ou encore avec l’affrêtement du navire Lusitânia Expresso qui tentera en vain d’accoster à Dili, la capitale, avec à son bord, un groupe important de personnalités timoraises. En 1997, il se rend en Indonésie, reçu par le ministre des Affaires étrangères et le vice-président de l’époque afin de leur proposer la mise en place d’un référendum au Timor-Oriental. Irrité par cette médiation, le président Suharto lui oppose un refus net. Mais avec le changement de régime un an plus tard, Dom Duarte retente alors de négocier l’indépendance du Timor aux côtés de José Manuel Ramos-Horta, prix Nobel de la Paix, et de l’évêque apostolique de Dili, Carlos Filipe Ximenes Belo. Ils invitent même Kartika Sukarno, la fille du président Sukarno, à les rencontrer pour négocier un accord de paix avec la rébellion.
Un citoyen timorais royal
Des efforts intenses qui seront finalement couronnés de succès et qui ont attiré l’œil de l’Organisation des nations unies (ONU). Le Portugal, pays désigné à nouveau comme puissance administrative de la région, entame des négociations pour l’indépendance du Timor-Oriental qui est proclamée en 2002. La résolution votée, évoque même « le rôle fondamental joué par SAR Dom Duarte de Bragance dans le soutien aux communautés timoraises accueillies au Portugal ». En remerciements, le Timor-Oriental a reconnu le statut du duc de Bragance et l’a naturalisé citoyen timorais au cours d’une cérémonie officielle (2011). Le 31 mai, c’est donc tout naturellement qu’il s’est rendu aux festivités du vingtième anniversaire de cette ancienne possession portugaise et où il a rencontré José Manuel Ramos-Horta, devenu chef de l’État en 2007 avec sa fille, l’infante Maria Francisca. Interviewé par le quotidien Diário de Notícias, le duc a confessé qu’il avait différents projets de coopération avec le Timor notamment dans les domaines agricoles et militaires.
Dom Duarte n’en oublie pas pour autant son rôle. Lors de ses voyages réguliers au Timor, il rencontre régulièrement les membres de l’association monarchiste portugaise de Macao, un ancien territoire portugais rendu à la Chine en 1999. Dans un communiqué, l’association Causa Real, qui dépend directement du duc de Bragance, a « félicité le peuple du Timor pour les 20 ans d’indépendance qui ont transformé le pays en État souverain ». Par le passé, Dom Duarte de Bragance a rappelé que « la Maison de Bragance et le drapeau de la monarchie restaient des symboles de grande importance pour la nation timoraise ». En 2014, Dom Duarte et sa famille ont reçu les attributs royaux des chefs locaux du Timor-Oriental.
Frederic de Natal