Une nouvelle feuille de route pour la Libye a été dévoilée par le Forum Moyen-Orient et Afrique du Nord (MECAF), un think-tank basé à Cambridge. Intitulé « Plan B pour une Libye démocratique ? », il propose la restauration de la monarchie et de constitution de 1951 comme seule voie vers une Libye stable et unie. Le MECAF constate que toutes les propositions de paix, déjà présentées, ont toutes échouées et que celle-ci serait enfin « acceptable pour la majorité des Libyens » .
C’est le 23 février dernier que le plan a été dévoilé lors d’un événement à Londres, organisé au sein de la Chambre des Lords , avant une conférence Zoom plus officielle sur le sujet à laquelle ont participé quelque 200 personnes. Parmi lesquels des militants politiques et de la société civile basés en Libye, des diplomates, des universitaires, des professionnels libyens vivants au Royaume-Uni ainsi que certains membres éminents du parlement britannique.
Quelles options pour la Libye ?
Lors de cette conférence, le think-tank Forum Moyen-Orient et Afrique du Nord (MECAF) a démontré que le « Plan A », la feuille de route organisée par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (UNSMIL), avait échoué et qu’il y avait peu de chances que les autres plans envisagés actuellement puissent résoudre la crise libyenne à court terme. Le MECAF affirme même que l’impasse politique est susceptible de se poursuivre tout comme l’actuelle partition du pays, que la majorité des libyens ne fait plus confiance à ses leaders ou à l’ONU pour résoudre les problèmes actuels du pays. Toujours selon le MECAF, le pouvoir serait entre les mains d’une petite élite politique qui ne fait que défendre ses propres intérêts et des milices qui contrôlent tels ou tels secteurs de villes, un pays marqué par des luttes intenses de pouvoir et une corruption massive. Compte tenu de la situation, les options réalistes pour la Libye restent la poursuite de l’impasse, l’établissement d’une nouvelle dictature ou le retour de la monarchie.
50 % des Libyens interrogés, « ouverts » à l’idée monarchique
Les divisions au sein du pays et les dynamiques qu’elles ont créées ont montré plus d’une fois qu’il était impossible pour un individu ou une coalition de prendre le contrôle total de la Libye. Quant à une nouvelle dictature militaire, non seulement elle serait inacceptable sur le plan international, mais des recherches ont indiqué que moins de sept pour cent des Libyens accepteraient de nouveau un tel système. D’autre part, le rapport affirme que 50 % des Libyens interrogés sont désormais « ouverts » à l’idée de restaurer la Constitution de 1951 et une monarchie . « La plupart d’entre eux », ajoute-t-il, « considèrent Mohammed El Senoussis, petit-neveu du roi Idris et actuel prétendant à l’ancien trône, avec un oeil positif ». Le type de monarchie constitutionnelle proposé par le MECAF se démarque des autres mis en place dans le monde arabe puisqu’il serait similaire à celui déjà existant en Europe, où le monarque n’a aucun pouvoir politique mais reste un symbole d’unité pour le pays. « Un tel système » , ajoute la MECAF, « fournirait une légitimité, un cadre pour la séparation des pouvoirs et pourrait donner à la Libye un point de départ clair à partir duquel les institutions de l’État libyen pourraient être reconstruites et permettrait le développement de son propre droit constitutionnel ».
La notion de démocratie occidentale, un échec en Libye
Lors de cette réunion, il a été mentionné qu’un président élu, tel qu’approuvé par la communauté internationale, ne pouvait pas fonctionner, compte tenu de la dynamique actuelle. Un président élu représenterait inévitablement les intérêts d’une tribu d’une idéologie ou ceux d’une faction. Il serait donc source de division et de conflit. Il se heurterait inévitablement à l’opposition d’autres communautés. Même s’il obtenait la majorité des voix lors d’une élection, il serait toujours rejeté par une minorité significative qui pourrait être disposée à prendre les armes contre lui. Preuve en soi que la notion de démocratie à l’occidentale n’est pas applicable partout. La tentative d’organiser une élection présidentielle a une nouvelle fois démontré les limites d’un système qui ne serait pas pérenne en Libye.
Les Senoussis, source d’unité
Pour beaucoup de libyens, les Senoussis restent une exception puisque non seulement ils n’appartiennent pas à aucune communauté en particulier mais ils ont évité tout partisanisme ces dernières années. De fait, le MECAF affirme que seul le retour du régime qui existait avant le coup d’État de Mouammar Kadhafi en 1969, la monarchie, reste la seule option viable pouvant résoudre bon nombre des problèmes qui ont déstabilisé le pays depuis l’intervention étrangère et le déclenchement de la guerre civile en 2011.
Frederic de Natal