Mohamed Alí Seineldín

Le retour de la démocratie ne fait pas que des heureux en Argentine.  Plusieurs officiers ont été arrêtés, accusés de torture, d’enlèvements, d’assassinats ou d’exécutions de guérilleros. Au sein de l’armée, un groupe surnommé les « Carapintadas » (visages peints) s’est développé et s’est déjà distingué en organisant une tentative de coup d’état ou un soulèvement militaire. Parmi les plus fidèles de leurs partisans, le colonel Mohamed Ali Seineldin. Né dans une famille druze, il s’est converti au catholicisme et se veut nationaliste. D’abord légaliste (il s’oppose au putsch qui destitue la président Isabel Martinez de Perón en 1976), il n’est pas inquiété en raison de ses excellents états de service. Militaire discipliné, il obéit aux ordres donnés par la dictature sans s’impliquer pour autant et sera même décoré pour son héroïsme dans la guerre des Malouines. Il va se radicaliser au fur et à mesure que l’armée doit répondre de ses actes pour tous les crimes qui lui sont imputés. En 1988, une première tentative de putsch échoue. Mohamed Ali Seineldin est arrêté mais les « Carapintadas » obtiennent ce qu’ils souhaitent. Amnistié, le colonel retente un putsch. Son unité s’empare des quartiers généraux de l’armée, situés près de la Casa Rosada, la présidence. Ils exigent une purge au sein de l’état-major – ainsi que la promotion de Seineldìn au rang de commandant de l’armée. Le coup d’état est finalement un échec. Le colonel est condamné à mort avant de voir sa peine commuée à la prison à vie. Mohamed Ali Seineldin sera gracié en 2003 et décèdera six ans plus tard.

Frederic de Natal