Ce n’est pas donné à tout le monde de revivre ses aventures de jeunesse. C’est à Dynastie, en effet, que j’ai fait mes premières armes de journaliste et d’historien, avec mon ami Stéphane Bern, encore à l’aube de la brillante carrière qui sera la sienne. Notre ambition commune était alors de « dépoussiérer » le monde des altesses et d’aller à la rencontre de ces « grandes familles » qui ont écrit l’Histoire, d’instruire en faisant rêver…

Couverture du magazine Dynastie

Notre existence se tisse des mille et une destinées, célèbres ou anonymes, des ancêtres qui ont bâti un patrimoine qu’il nous revient de recueillir et de faire prospérer. En donnant aujourd’hui un second départ à Dynastie, c’est ce message d’une tradition vivifiante que nous voulons transmettre. Car, princes ou « roturiers », nous sommes tous des héritiers et des passeurs d’âme.

Hélas, notre société moderne privilégie l’instantané, le fugace, l’insaisissable et le factice, au détriment de la réalité d’un authentique « présent » aux reflets d’éternité, enraciné dans le passé et inventant l’avenir. Pourtant, chacun d’entre nous est un être précieux et irremplaçable, et non pas un individu interchangeable, un consommateur placide seulement identifiable par sa carte bancaire ou son « QR code ».

Le thème central de ce numéro illustre parfaitement cette problématique. Durant près d’un millénaire, le sacre de nos souverains capétiens a jeté un pont entre le Ciel et la Terre, offert à la politique un horizon au-delà des contingences matérielles. Sans doute faudra-t-il, sans trop attendre si nous voulons survivre, rendre à la « chose publique » – c’est l’étymologie du mot « république » – sa nécessaire verticalité, réinventer des liens avec la transcendance, « ré-enchanter le monde » pour reprendre une expression à la mode…

Philippe Delorme