Ce 2 mars, la justice espagnole a annoncé qu’elle classait sans suite les poursuites engagées contre le roi Juan Carlos Ier, accusé de détournement de fonds et de blanchiment d’argent. Une décision qui pourrait mettre fin à l’exil du souverain émérite et lui permettre de revenir dans son pays.
Les différentes enquêtes diligentées contre l’ancien souverain espagnol dans le cadre d’accusation de détournement de fonds et de blanchiment d’argent « ne permettent pas d’exercer une action pénale contre sa majesté Juan Carlos de Bourbon (…) notamment en raison de l’insuffisance d’indices incriminants, de la prescription des délits et en raison de l’inviolabilité » a annoncé hier la justice espagnole dans un communiqué. Une décision qui en suit une autre tout aussi similaire, prise en décembre 2021 par la justice suisse qui avait également entamé des poursuites contre le père du roi Felipe VI.
Une maîtresse encombrante et un cadeau empoisonné
Depuis 2018, le parquet espagnol cherchait aussi à déterminer si le souverain avait fait jouer ses prérogatives dans l’attribution d’un marché ferroviaire au profit de la monarchie saoudienne. Au centre de toutes les questions, la découverte d’une somme de 100 millions de dollars déposée par Ryad sur un compte suisse appartenant à Juan Carlos. La justice espagnole a finalement fait valoir qu’il s’agissait d’un « cadeau » reversé dans son intégralité à son ex-maîtresse Corinna Larsen par qui le scandale est arrivé. Faisant face à diverses accusations, le roi avait abdiqué en faveur de son fils en 2014 avant de prendre le chemin de l’exil vers les Émirats arabes unis 6 ans plus tard afin que le règne de Felipe VI comme la monarchie n’en subissent pas les conséquences.
Le roi pourrait rentrer en Espagne
Si le procureur en chef, Alejandro Luzón, a rappelé également que le roi bénéficiait d’une immunité en raison de sa qualité de monarque, confirmée par l’actuelle Constitution, la réaction des partis politiques face à cette décision ne s’est pas faîte attendre. Le Parti Populaire (droite) a réclamé que l’Espagne accorde son pardon à celui qui a restauré la démocratie, la gauche a pris acte mais s’est empressée de rappeler le caractère mafieux de cette affaire qui a entaché les institutions. « Nous méritons des institutions démocratiques et transparentes qui ne soient pas au-dessus des lois » a twitté Podemos (extrême-gauche) sur son compte officiel avant de conclure par un ironique « Vive le roi ! ». L’avocat de Juan Carlos a immédiatement annoncé qu’il communiquera très « rapidement sur le choix de son client » concernant son éventuel retour dans le royaume.
Frederic de Natal